La naissance de SOS Concertation PDU

dessinDébut mai 2016, une grande mobilisation citoyenne voyait le jour à Chambéry pour empêcher l’abattage des arbres situés place de la Gare et quai du Jeu de Paume.

La pétition papier et en ligne a recueilli plus de 7700 signatures. Malgré cette mobilisation, les élus de Chambéry et de Chambéry Métropole ont préféré le passage en force à la démocratie, et l’abattage de 24 tilleuls a eu lieu, en présence des forces de l’ordre, et malgré les référés déposés au Tribunal Administratif de Grenoble.

Deux semaines plus tard, la justice suspendait les travaux d’aménagement de voirie mettant en doute leur légalité ! Après avoir fait la sourde oreille pendant quelques jours, menacés d’astreinte financière, les élus ont fini par donner l’ordre d’arrêter les travaux. Contraints par la loi, ils se sont décidés à mettre enfin les documents à disposition des usagers et à lancer une consultation en ligne et dans les mairies jusqu’au 29 juin.

Mais ce n’est pas suffisant !

Les plans communiqués ne font apparaitre que le tracé des bus et des voitures, en oubliant les modes doux. Plusieurs quartiers et équipements publics perdent leur desserte par les transports en commun, et les usagers sont inquiets. Dans certains secteurs les travaux sont déjà terminés ou fortement engagés ce qui nous fait douter de cette concertation « bidon » expédiée à la va-vite !

Ainsi, nous exigeons, dans l’élaboration du nouveau Plan de Déplacements Urbains (PDU) une vraie concertation avec tous les habitants de l’agglomération Chambérienne :

  •  La mise à disposition des plans complets sur tous les modes de déplacements.
  • Un temps d’échange suffisant prenant réellement en compte les remarques des usagers.
  • Le respect de la loi et des modalités pour l’élaboration de ce nouveau Plan de Déplacements Urbains.

Nous voulons construire un Plan de Déplacements Urbains sur la base de :

  • la réduction massive des voitures en ville (et l’arrêt de la construction de parkings en ville
    qui les appellent !)
  • le développement de tous les moyens de transport en commun efficaces et accessibles à
    tous (bus, réseau ferré, interconnexion des lignes…)
  • le développement et la sécurisation de la pratique du vélo ;
  • l’accessibilité et la sécurisation des piétons et personnes à mobilité réduite.

Si des désordres et des travaux inachevés existent en ville à ce jour, ils sont le résultat de la politique inacceptable de Chambéry Métropole et de la ville de Chambéry … et non de la mobilisation citoyenne qui permet, au contraire, de remettre de l’ordre dans les manières de procéder !

L’historique

abattage-11-mai

Abattage des tilleuls place de la Gare le 11 mai 2016

30 Mars 2014: Élection de l’équipe Municipale, Michel DANTIN devient Maire de Chambéry  et Xavier DULLIN devient président de l’agglomération

Fin 2015 : Chambéry et Chambéry Métropole mettent au point un nouveau plan de déplacements.

12 au 26 Janvier 2016 : Réunions publiques à Bissy, Chambéry le Vieux et  Mérande, concernant le nouveau plan de déplacements. Ces  trois réunions n’informent pas les gens dans le détail car les plans présentés manquent de précision. Aucune réunion n’a lieu dans le centre, zone qui sera la plus impactée.

Février/Mars 2016 : Un collectif de riverains du quartier de la Gare de Chambéry décide de créer une association pour défendre les riverains et informer les gens qui souhaitent des informations.  Cette association est apolitique et porte le nom de CCQP (Circulation Concertée, Quartiers Préservés).

Avril 2016: L’association et des riverains entament des démarches judiciaires concernant des irrégularités constatées dans les démarches  de la Ville et de l’Agglomération (défaut d’enquête publique notamment).

Fin Avril 2016: L’association et le collectif SOS Arbres lancent une pétition contre l’abattage des arbres en centre ville. Celle-ci recueillera plus de 7700 signatures.

9,10 Mai 2016: SOS Arbres et CCQP font reculer les engins et  les hommes venus abattre les arbres.

11 Mai 2016: Les arbres sont abattus sous la protection des forces de l’ordre. Les 7700 signatures ne sont pas prises en compte.

27 Mai 2016: Une décision du tribunal administratif de Grenoble (suite à un référé déposé par des élus de l’opposition) ordonne l’arrêt immédiat des travaux.

30,31 Mai 2016: Malgré l’ordonnance du juge, Chambéry Métropole poursuit les travaux. Les autorités semblent refuser de faire le nécessaire.

01 Juin 2016: Les travaux continuent. Mais les démarches judiciaires de notre association aussi.

02 Juin 2016: Lors d’une conférence de presse, Chambéry Métropole annonce que les travaux sont suspendus. Une heure plus tard, la décision du Tribunal de Grenoble annonce une astreinte de 10 000 € par jour en cas de poursuite des travaux malgré la suspension prononcée.

09 Juin 2016: Chambéry Métropole lance en urgence une opération de communication. Elle met en place une procédure de concertation post-factum « light » sous forme d’une consultation en ligne et d’un recueil d’avis en mairie (il est possible de déposer son avis mais il n’y a pas de réponse) et met à disposition des usagers les plans et les documents techniques dans les mairies, du 9 au 29 juin.

La suite sur ce blog…

Le PDU, pourquoi tant d’histoires ?

La ville de Chambéry a annoncé en octobre 2015 par voie de presse la mise en place d’un nouveau plan de déplacement (PDU). En janvier, 3 réunions publiques sont organisées.
Où ? En périphérie du centre-ville (Bissy, Chambéry le Vieux, Mérande), comme si le centre-ville n’était pas concerné.
De quoi parle-t-on ? De principes, d’intentions, mais rien de précis, et notamment aucun plan. On sait seulement que le projet va être mis en oeuvre début février.
Que se passe-t-il alors? Les travaux commencent à divers endroits. Ce n’est que le 20 mai 2016 que le Dauphiné pourra titrer « Le nouveau plan du bus a été dévoilé » après une réunion du Conseil communautaire qui régularise sous la pression des opposants des travaux déjà bien avancés !
Pourquoi la justice ?
· Des habitants et des élus d’opposition décident de saisir la justice et demandent l’arrêt de ces
travaux qu’on vient d’engager.
· 2 jours avant l’audience de référé, des arbres sont abattus, comme ça plus d’urgence, le mal
est fait.
· Le juge des référés donne pourtant raison aux plaignants et suspend les travaux le 27 mai.
Chambéry Métropole les poursuit. Le juge, à nouveau saisi, réaffirme le 2 juin son interdiction
des travaux sous peine d’une astreinte de 10.000€/jour. Les travaux sont enfin arrêtés le même
jour.
· Prochain rendez-vous chez le juge le 22 juin pour un jugement sur le fond.
Que reproche-t-on à cette municipalité ?
· La confusion entre les responsabilités de la Ville et de l’agglo ; qui paie quoi, rien n’est clair.
· Le non-respect de la loi républicaine qui précise que ce sont les conseils municipaux et
communautaires qui décident publiquement de tels dossiers d’environ 2,5 M€, pas une
commission trucmuche ou un Bureau réuni en catimini.
· L’absence d’une véritable concertation obligatoire. La communication, c’est facile, la
concertation c’est plus exigeant.
Petit rappel : Pour réviser un PDU, la loi prévoit la consultation notamment des services de l’Etat, de tous les conseils municipaux de l’agglomération et des associations de personnes à mobilité réduite. On doit faire des études de bruit, d’impact environnemental, etc. qui doivent être publiées. Le projet doit être soumis à une enquête publique avec un commissaire enquêteur indépendant qui rend compte de tous les avis exprimés. Les porteurs du projet doivent alors répondre aux critiques, justifier leurs choix, et le projet est alors soumis à un vote public définitif des assemblées élues.
Cette procédure est contournée aujourd’hui, c’est illégal, insupportable !
Les conséquences de cette manipulation ? Elles sont considérables.
· Ce sont les usagers qui ont une compréhension fine de leurs besoins de déplacement : le projet a oublié des lignes indispensables pour certains élèves (St Baldoph), il prévoit un trafic intense de bus rue de la gare (426/jour !), il dévie la rue Sommeiller par la rue Perceval dont la
structure sur dalle n’autorise pas de lourdes charges, il détruit des places arborées, il modifie
la fréquentation des commerces du bd de la Colonne, de l’avenue de la Boisse, etc.
· La copie est à revoir. Il aurait été plus simple de commencer les choses dans le bon ordre, tenir compte des attentes, améliorer le projet, et faire les choses légalement.
Tout ça, c’est du bricolage, du bidouillage, mais ce n’est pas de la naïveté, ce n’est pas une erreur d’élus débutants, c’est une pratique politique volontaire. Voilà pourquoi plus de 10% des habitants ont signé des pétitions de protestation.
Maintenant, contraints et forcés par la justice, les responsables de la municipalité et de
l’agglomération ouvrent pour quelques jours des dossiers à consulter dans les mairies.
Demain ils devront accepter un vrai dialogue prévu et garanti par la loi, le projet sera amélioré, mais on regrettera toujours les arbres qui auraient pu être préservés.